Lyle Lovett & John Hiatt : Nous en avions rêvé, ils l’ont fait !

Nos petits cœurs d’européens, battant au rythme des musiques venues d’outre Atlantique, se sont régulièrement emballés à la sortie d’albums issus de ces territoires profonds et chargés d’histoire(s).
L’Amérique de mes rêves est, aussi, celle construite à grands coups de guitares et de mots qui respirent à la fois l’intensité d’un pays, sa violence, ses décors, ses espoirs, ses peines et sa poussière.
Poser sur la platine un disque de Johnny Cash, Woody Guthrie, Gram Parsons, Steve Earle, Waylon Jennings, Willie Nelson, Kris Kristofferson, Bob Dylan, Dwight Yoakam (et tant d’autres…) représente plus qu’un simple plaisir auditif…
C’est une invitation à partir en voyage, une initiation à la Country Music, la vraie…
Celle qui ne se résume pas à des histoires et à des attitudes de cow-boys, celle qui ne se contente pas de noyer son profond ennui au fond d’une bouteille de whisky, celle qui ne revendique pas sa peau blanche et ne se place pas au dessus d’une autre race. Bref, la musique d’un pays ouvert, tout en restant fidèle à ses traditions. Une musique aussi bien imprégnée de Folk, de Blues, de Rock, que de sons Hillbillys…
En février 2010, deux des plus dignes représentants issus de cette mouvance, en toute humilité, se sont réunis afin d’offrir (lors d’une trop courte tournée) au public européen un spectacle aussi grandiose que dépouillé.
D’une part Lyle Lovett :
Chanteur, guitariste, auteur-compositeur né à Klein, Texas le 1er novembre 1957. Cet artiste au style inclassable (il lui arrive même de s’aventurer dans des registres qui touchent de très près au Jazz) est réputé comme étant une très forte personnalité. Un rebelle aux styles éclectiques qui aime tremper sa fine plume dans une encre acerbe afin de proposer des textes qui se révèlent être de véritables proses littéraires. Chacune de ses chansons s’écoute comme on lirait une nouvelle… portée par une voix exceptionnelle…
Sa discographie, riche d’une douzaine d’albums depuis 1986, lui a permis de « squatter » les hit-parades américaines avec une impressionnante régularité. De plus, il a eu l’occasion de jouer dans de nombreux films, devenant même l’un des visages réguliers des longs-métrages de Robert Altman.
D’autre part John Hiatt :
Chanteur, guitariste, harmoniciste, auteur-compositeur né à Indianapolis, Indiana le 20 août 1952. Considéré comme étant un « chanteur blanc à la voix noire » John Hiatt doit, en partie, sa réputation à son talent de songwriter. Ses chansons ont été reprises par un nombre incalculable d’artistes, parmi lesquels : Bob Dylan, Willy DeVille, Eric Clapton, BB King, Bonnie Raitt, Buddy Guy, Joan Baez, Linda Ronstadt, Emmylou Harris, The Neville Brothers, Iggy Pop, Nick Lowe etc…
Il a sorti plus d’une vingtaine d’albums sous son propre nom (et a fondé le groupe Little Village aux côtés de Ry Cooder, Jim Keltner et Nick Lowe). Sa carrière a été constellée de récompenses en tous genres et n’est pas prête d’arrêter de nous réserver des surprises.
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C’est à la première date (le 1er février 2010) de cette tournée que j’ai eu la chance d’assister dans une salle mythique de Zurich, le Volkshaus…
C’est toute la motivation que je portais en moi qui m’aida à traverser la Suisse, sous une véritable tempête de neige, avant d’arriver dans cette grande ville helvétique… recouverte d’un manteau neigeux d’une bonne trentaine de centimètres…
Un « sacrifice » que je ne regretterais en rien, conscient d’être l’un des spectateurs privilégiés d’une tournée qui restera gravée dans les annales des musiques roots américaines. Un concert de 2h30 durant lequel les deux artistes se répartiront équitablement la tâche. Chacun écoutant l’autre avec admiration, attention et respect (ils ne joueront que 3 ou 4 titres ensemble) et offrant à l’assistance de longues séries d’interventions verbales (souvent hilarantes) faisant appel, pour cela, à leurs nombreux souvenirs. |
Une réunion magique (prenant parfois des airs de Grand Messe) embellie par le fait d’avoir devant ses yeux deux superstars, qui n’hésitent pas à venir se produire ensemble (sans problème d’ego) dans un registre acoustique et dans des petites salles. Un simple acte de générosité et d’amour vis-à-vis de la musique…
David BAERST

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